Intervention de Clémence Léobal au séminaire de recherche le 5 février 2018

Des politiques postcoloniales : l’habitat « adapté » en Guyane (5 février 2018).

 

Lors de cette intervention, C.Léobal a exposé les spécificités de son étude sur les politiques du logement menées à St-Laurent-du-Maroni. De façon originale, elle s’est intéressée à la fois aux autorités et professionnels en charge de ces politiques et aux habitants Bushinengués du quartier de la charbonnière à qui elles étaient destinées. Elle a décrit brièvement ce quartier : composé de logements sociaux, il a la particularité d’avoir des maisons de forme triangulaire censée évoquer une « tradition » Bushinengué.

Sur quels présupposés reposent ces programmes de construction et qui les a mis en place ? Répondre à ces questions lui a permis de mettre au jour une situation « post-coloniale » en Guyane.

Son enquête a été menée à la fois dans des archives, sur la base d’entretiens et d’observations ethnographiques, permettant de rendre compte des différents points de vue, ceux des habitants locaux, et ceux des autorités.

Clémence Léobal expose les trois résultats principaux de son travail.

D’abord, elle fait la genèse de l’idée de logement adapté aux populations et climats de l’outre-mer, en revenant sur les expérimentations qui ont été faites par des urbanistes habitués à voyager dans les DOM-TOM et y voyant des « terres vierges ». Elle souligne néanmoins que ces derniers rechignent à se penser comme des colonisateurs.

C’est pourquoi, et c’est le deuxième point qu’elle aborde, ils ont cherché à valoriser la culture locale en s’inspirant des traditions, tout en les modernisant. Mais à travers certains présupposés (le caractère oisif de populations à qui sera imposée l’auto-construction), elle met en lumière la vison racialisée que ces profesisonnels avaient des populations locales.

Enfin, Clémence Léobal a étudié des politiques publiques en s’attachant à leur mise en œuvre et aux conflits et aux aménagements auxquels elles ont donné lieu. Elle ne cherche pas à juger de l’échec ou de la réussite, mais elle a regardé dans quelle mesure les habitants locaux ont pu participer au dispositif d’auto-construction – au final assez peu.

La discussion qui a suivi l’exposé de l’intervenante a porté sur le qualificatif de « postcolonial » ainsi que sur des questions de méthode.

 

Cette séance a eu lieu dans le cadre du séminaire Master de science politique de l’Université Paris 8, animé par Sylvie Tissot en 2017-2018.