Intervention de Cédric Hugré au séminaire recherche le 26 mars 2018

Sociologue, chargé de recherche au CNRS, Cédric Hugrée est venu le lundi 26 mars à la séance du Séminaire de recherche nous présenter son travail sur les inégalités à l’université et rappeler un certain nombre d’éléments souvent oubliés dans la recherche ou le monde militant et politique concernant ce sujet. La séance s’est déroulée en quatre parties : présentation de l’intervenant par le groupe d’animation de la séance, présentation de ses travaux par Cédric Hugrée, question des étudiant.e.s du groupe d’animation, et enfin, débat avec l’ensemble des personnes assistant à la séance.

Son intervention portait sur la combinaison entre un article à paraître dans la revue Economie et statistique « 50% de bacheliers à la licence… mais comment ? », qui se veut un « texte de référence » faisant fonction de « thermomètre » des inégalités scolaires et universitaire en France, et un extrait du premier chapitre de son livre « De bonnes élèves ? Les classes populaires à l’université ». Cédric Hugrée explique vouloir combler une connaissance des conditions de réussite qui lui paraît jusque-là fragmentaire, particulièrement dans le débat polarisé sur l’université (sélection versus expérimentation) et de faire des statistiques qui sont proches de ce que les individu.e.s font en fonction de leur parcours depuis le collège, leur origine sociale, leur « sexe ».

Lors de cette séance, le sociologue a expliqué que son objectif a été de se focaliser sur les conditions de réussite plutôt que les conditions d’échec. Le paradigme étant posé, à partir de ces hypothèses et de la sociologie quantitative, Cédric Hugrée s’est appuyé, dans ses différents travaux, sur l’enquête du « Panel de suivi des élèves entrés en sixième en 1995 », « thermomètre » des inégalités, puis sur des enquêtes emplois de l’INSEE (en ce qui concerne son livre) ainsi que sur une construction de l’origine sociale non androcentrée, c’est-à-dire non fondée sur le responsable du ménage mais sur la prise en compte de la situation et la position des deux parents.

Cédric Hugrée s’est aussi basé sur une lecture de l’accès aux études supérieures par « cohorte », c’est-à-dire par année de naissance et a intégré le genre comme outil et principe actif des données collectées, contrairement aux travaux habituels. L’un des points méthodologiques central dans sa recherche est l’articulation détaillée et précise entre les questions du milieu d’origine et celles des parcours scolaires pour comprendre et saisir les mécanismes d’inégalité à l’université.

La partie « débat » de la séance a permis d’aborder la question du racisme, que le chercheur n’aborde pas et qui est pourtant déjà en jeu dans les conditions d’inégalités à l’université ; ne pas la prendre en compte reviendrait à ne pas objectiver un biais dans sa position d’enquêteur et utiliser des outils qui ont une certaine influence sur la production de résultats et les résultats eux-mêmes. Cédric Hugrée n’a pas axé ses hypothèses et ses questions de recherche autour du racisme institutionnel ; il a seulement pris en compte dans les enquêtes statistiques l’origine migratoire des enquêté.e.s, sans aller au-delà, ni élaborer de constats nets, contraint également par les échantillons des grandes enquêtes.

 

Lina El Soufi, Jenny Kasten, Nina Roubot, Stella Angebault, Mathilde Poirier et Emmylou Dris ont animé la séance et rédigé ce compte-rendu.

Cette séance a eu lieu dans le cadre du séminaire Master de science politique de l’Université Paris 8, animé par Sylvie Tissot en 2017-2018.